Hôtels et folies à l'apogée de Nantes au XVIIIe siècle
La folie de La Gibraye a été batie à Nantes au XVIIIe siècle sur les plans de Jean-Baptiste Ceineray, pour Jean-Baptiste Mérot, conseiller au parlement de Bretagne
©PB Fourny
Le Grand Blottereau, situé à Nantes, folie construite vers 1740, probablement sur les plans de l’architecte Jean-Baptiste Ceineray
©PB Fourny
Tête de Neptune, mascaron sculpté ornant la façade d'un immeuble de l'ïle Feydeau à Nantes
©Bernard Renoux
Le port de Nantes devient l'un des premiers du royaume au XVIIIe siècle.
Témoignant de ce rayonnement, la ville et de son port se transforment : les négociants séjournent alternativement dans leurs hôtels particuliers en ville et dans des folies à la campagne. La publication HISTOIRE MARITIME ET FLUVIALE DES PAYS DE LA LOIRE de Jean-François Henry – Editions 303 met en lumière ce patrimoine architectural.
La prospérité des négociants a transformé la ville et les quartiers du port au XVIII è siècle. Le maire, Gérard Mellier confie le soin à l’architecte Jean-Baptiste Ceineray de repenser la ville encore enserrée dans ses murailles. Il abat les remparts de la ville, trace un vaste cours derrière la cathédrale et réaménage les rues et les places. Son œuvre est poursuivie par son disciple Mathurin Crucy. Les rues médiévales tortueuses font place à des artères rectilignes. Les façades des hôtels particuliers traduisent l’opulence des armateurs. On peut voir des balcons superposés aux riches ferronneries galbées sous un fronton triangulaire, des mascarons évocateurs de la richesse maritime représentant Mercure, dieu du commerce, Neptune, dieu de la mer, des visages africains nez épatés, cheveux crépus… Et, pour échapper aux tumultes du port et de ses quais, les riches armateurs font construire non loin de la ville de jolies « folies » comme celle du Grand-Blottereau à Doulon ou encore La Gibraye à Saint-Sébastien-sur-Loire.
L’île Feydeau
Au cœur de la ville, à la confluence de l’Erdre et de la Loire, l’île de la Saulzaie ressemble à un navire amarré par un pont aux rives de la Loire. Julien Gracq la compare à une « houle pétrifiée ». En 1723, le maire, Gérard Mellier, décide de transformer cette île encore champêtre en un lotissement de « 24 maisons régulières avec façades uniformes ». Elle prend le nom d’île Feydeau, en hommage à l’intendant de Bretagne Feydeau de Brou. Ces immeubles de rapport accueillent toutes les catégories de la population : au rez-de-chaussée, les entrepôts puis aux premier et second étages les armateurs et quelques capitaines de navires et enfin au dernier étage, les domestiques, des artisans et des bateliers. Naturellement, chacun emprunte l’escalier selon sa condition. Un escalier large aux degrés qui s’élèvent doucement, enrubanné d’une rampe en fer forgé tandis que discrètement, l’escalier de service, raide, permet d’accéder directement à l’office ou dans les logements supérieurs. L’un de ces immeubles, le Temple du Goût, construit pour l’armateur Guillaume Grou, est sans doute le plus représentatif de ces riches demeures de négociants.Histoire maritime et fluviale des Pays de la Loire
Collection Essentiels
Texte : Jean-François Henry Depuis les premières conquêtes et invasions vikings, aux grandes mutations commerciales et industrielles des XVIIIe et XIXe siècles, jusqu’aux défis contemporains de la « croissance bleue », ce livre de synthèse richement illustré invite, au fil de l’eau, au voyage et à la découverte de l’histoire économique et industrielle, touristique et culturelle du littoral des Pays de la Loire.