Présentation du patrimoine industriel de la Communauté de Communes de Moine et Sèvre
Communauté de Communes Moine et Sèvre
Références
- Auteur :
Achard Hélène
- Date d’enquête :
2011
- Commanditaire :
Région Pays de la Loire / Conseil général du Maine-et-Loire.
Historique
- Commentaire historique :
- Un territoire Situé dans le département de Maine-et-Loire, au sud-ouest des Mauges le territoire de la Communauté de Communes Moine et Sèvre est majoritairement rural et présente un habitat dispersé ou organisé en hameaux autour des centre-bourgs. Il bénéficie depuis l'Ancien Régime de l'essor économique de Cholet, notamment à travers le développement de la filière textile. Les grandes phases de l'industrialisation des Mauges Une implantation ancienne : l'industrie du textile L'arrivée du tissage dans les Mauges remonte à la seconde moitié du XVe siècle, période au cours de laquelle la culture du lin est importée de Bretagne à Cholet par la cour d'Antoinette de Magnelais, favorite du Duc de Bretagne. L'activité va réellement se transformer à partir de la fin du XVIIe siècle, sous l'impulsion de René-François de Broon, marquis de Cholet et gendre du protégé de Colbert, Louis Berryer, avant de connaître la prospérité au cours du XVIIe siècle. Cependant cette industrie est éclatée, avec une production assurée par des ouvriers à domicile répartis dans les campagnes alentours ou par des maîtres fabricants et avec une commercialisation réalisée par des négociants sur Cholet. Ces ouvriers filent et tissent du lin et du chanvre dans de multiples ateliers, situés dans les caves des maisons du bourg, l'humidité étant nécessaire pour garder la souplesse du fil. Cette activité de tissage permettra le développement de nombreuses communes comme Saint-Macaire-en-Mauges, Saint-André-de-la-Marche, Roussay. L'Atlas cantonal de l'arrondissement de Cholet, mentionne en 1876 pour Roussay, commune de 1999 habitants : "Plus du tiers de la population est de l'agriculture, près des deux autres tiers de l'industrie du tissage pour Cholet". L'industrie textile connait des crises liées aux événements politiques (Révolution, Guerre de Vendée, Guerre de 1870) et économiques (surproduction, concurrence étrangère). Ainsi, dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'activité connait une crise profonde, conséquence de la mécanisation de la production avec le développement de filatures, d'usines de tissage et de confection sur le territoire, comme c'est le cas au Longeron et à Roussay. Entre 1860 et 1880, les Mauges connaissent une période difficile, marquée par le chômage des ouvriers tisserands et par l'exode rural. De la toile à la chaussure Pour faire face à la crise du textile plusieurs initiatives locales se mettent en place. La chaussure apparait alors comme la meilleure solution à la reconversion de l'industrie du textile. Les grands centres nationaux de l'industrie de la chaussure (Fougères, Nancy, Romans, Limoges), délaissent la chaussure bon marché ; en raison d'une augmentation du coût de la main d'Åuvre. Or la demande pour ce type de chaussures est croissante. C'est également une industrie de main d'Åuvre bon marché, avec des frais généraux peu élevés. Ce faible coût de fabrication permet d'écouler rapidement une production à bas prix. La fabrication de la chaussure rend possible le travail à domicile et permet le maintien d'un mode de vie local hérité des tisserands. Les premiers ateliers apparaissent dans la commune de Saint-Macaire-en-Mauges en 1879, avec l'entreprise Doizy, future Macairoise et entre 1882-1883 avec l'entreprise Hy qui deviendra la SAC. Ces entreprises font des émules sur Saint-Macaire-en Mauges (Les Etablissements Pasquier en 1898, Barbary en 1912 ; Huchon en 1919) et sur les autres communes du territoire (les Etablissements Morinière-Ripoche en 1900 à Saint-André-de-la-Marche, Pasquier Frères en 1907). L'industrie de la chaussure prend son essor après 1913. Le nombre d'emplois augmente, les premiers ateliers s'agrandissent. Après la Première Guerre mondiale, c'est le temps de la mécanisation, du passage de l'atelier à l'usine. Le succès de la chaussure se confirme dans les années 1950-1960 et entre dans une phase de développement concrétisée par la diversification de la production et la conquête de marchés internationaux. Cette phase se traduit par la mécanisation de la production, la modernisation des sites (agrandissement des usines, délocalisation à l'extérieur du bourg), l'augmentation des emplois et la quasi-disparition du travail à domicile. La reconversion industrielle des Mauges a été un succès et a pour particularité d'être issue d'initiative endogène, constituée indépendamment de Cholet. L'industrie de la chaussure a permis des créations d'emplois importantes et a engendré un dynamisme rural. Elle est prédominante dans de nombreuses communes par rapport aux autres secteurs. Les autres secteurs industriels Entre la seconde moitié du XIXe et du XXe siècle d'autres secteurs s'industrialisent (agroalimentaire, minéraux, bois, papier). Leur implantation s'explique par les richesses du territoire : le sous-sol (argile, granite, uranium) qui favorise la création de carrières et de mines comme le site de L'Ecarpière (Gétigné et Saint-Crespin-sur-Moine) et les terres agricoles (élevage, culture céréalière et maraichère) qui entraînent la création de la laiterie et fromagerie Gallais (Saint-Germain-sur-Moine). Les communes des Mauges sont également riches de nombreux artisans locaux : cordonnier, sabotier, bourrelier, meunier, forgeron. Ces artisans détenteurs de savoir-faire traditionnels ont été l'un des moteurs de l'industrialisation. Certains d'entre eux ont développé leur activité comme la saboterie Audouin (Montfaucon-Montigné) ou les meuniers qui ont transformé au début du XXe siècle leur moulin en minoterie (Moulin de Robat, Montfaucon-Montigné). Parallèlement au développement de sites industriels importants, de petites unités de productions perdurent. La production y reste artisanale comme les tuileries-briqueteries Caillet et Corbet (Tillières), la minoterie Bodin (Saint-Germain-sur-Moine) ou l'entreprise Mary (Saint-André-de-la-Marche). Un territoire toujours industriel Les industries des Mauges connaissent une importante crise à partir de la fin des années 1970, conséquence de la mondialisation du marché et de la perte de compétitivité. De nombreuses usines sont contraintes de licencier, de réorganiser leur activité en assurant la création et la commercialisation sur place et en délocalisant la fabrication. Plusieurs d'entre elles ont cessé leur activité ou ont été rachetées. L'industrie reste cependant un secteur moteur pour l'économie des Mauges, avec la création de nombreuses petites et moyennes entreprises dans des secteurs diversifiés.
Localisation
- Département :
49
- Aire d'étude :
Communauté de Communes Moine et Sèvre
- Latitude :
47,09670774 X
- Longitude :
-1,09066415 Y
Documentation
- Bibliographie :
COMMUNAUTE DE COMMUNES MOINE ET SEVRE, dir. EGONNEAU Maryline. Patrimoine industriel bâti "Etat des lieux XIXe - XXe siècles", printemps 2008;BONNET Natacha. Le succès du bocage, l'histoire des industries du Sud-Loire. Edition CVRH, 2008, p. 228.;BULARD Jérôme, MARTIN Hubert, Le patrimoine des Mauges, Carrefour touristique et culturel des Mauges, 1987;BOUCHER Jérémie. Roussay ; Démographie et société tisserandes, dans une commune des Mauges, de 1800 à 1914. Mémoire de maîtrise d'Histoire contemporaine, sous la direction de Jacques-Guy Petit et de Jean-Joseph Chevalier, Université d'Angers, Faculté des Lettres, Langues et Sciences Humaines, juillet 1999, 187.;CHAPOT Georges, COUPRIE René, DUMAS Jacques, KEROUANTON Jean-Louis. L'uranium vendéen. 40 ans de recherches et d'exploitations minières dans le Massif armoricain. Nantes, ADIG, 1996, p. 224.;CHENE René. Les débuts du commerce et de l'industrie de la chaussure dans la Région de Cholet. Herault Imprimerie-édition, 1980, p. 126.;DIXNEUF Alain. Saint-André-de-la-Marche de 1900 à nos jours. Une commune des Mauges au cours du XXème siècle. Edition Hérault, Maulévrier, 1984, p. 158.;HERAULT André Hubert. Si Saint-Crespin-sur-Moine m'était conté. Ed Herault, Maulévrier, 2005, p. 304.;GASTE Eugène, Les grandes industries de l'Anjou, Angers, E. Barassé, 1874-1876, pp.69-84.;LUNEAU Caroline. Etat des lieux du patrimoine industriel bâti, 2008.;MINGUET Guy. Naissance de l'Anjou Industriel. Harmathan, 1984;PORT Célestin. Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou. Edition H. Siraudeau et Cie, Angers, réed. 1996, Volume 4;TOSITTI Guillaume. Naissance et développement de l'industrie de la chaussure dans le Choletais vers 1875 à 1939. Mémoire de DEA, sous la direction de M. Jean-Clément Martin, Université de Nantes, septembre 1993.;TRICOIRE Louis Chanoine. Saint-André-de-la-Marche, cinq siècle de vie paroissiale, Saint-Macaire-en-Mauges, 1971, p. 57.;Saint-Germain-sur-Moine de 1900 à 2000. Bouchet imprimerie Cholet, 2001, p. 119.;Le Longeron au fil du temps. Maulévrier : édition Hérault, 2007, p. 250.