La ville vendéenne des Sables-d’Olonne a récemment décroché le label « Ville d’art et d’histoire ». Au sein du riche patrimoine sablais, l’église Notre-Dame d’Olonne témoigne de l’importance de ces paroisses côtières au cours du Moyen Âge. Mathilde Pubert, chercheuse et doctorante, vous invite à observer de plus près le remarquable chœur du deuxième quart du XVIe siècle dans le cadre de l’inventaire qu’elle mène sur les églises flamboyantes du Bas-Poitou (Vendée).
Connue dans les archives depuis le XIe siècle, l’église paroissiale et prieurale Notre-Dame d’Olonne est de fondation ancienne. Sous l’Ancien Régime, sa collation est disputée par deux puissantes abbayes : l’abbaye Sainte-Croix-de-Talmond et l’abbaye de la Sainte-Trinité-de-Vendôme.
L’ambition d’un projet

L’imposant chœur de l’église Notre-Dame s’étend sur trois vaisseaux et trois travées avec un chevet plat. Reflet des importants moyens financiers engagés, le chevet est réalisé en pierre de taille calcaire avec une profusion de décors. Dès l’origine du projet de reconstruction du chœur au XVIe siècle, une contrainte majeure s’impose : la conservation du clocher roman, vestige de l’édifice ancien. Ce clocher devait être maintenu en élévation tout en reprenant en sous-œuvre les piliers qui le soutenaient à la croisée du transept. Toutefois, cette contrainte structurelle entraîne des déséquilibres : le décalage observable entre les piles du chœur résulte directement de l’adaptation au clocher préexistant. Ce pan de mur roman est aujourd’hui masqué par une charpente de la toute fin du XVIe siècle. Un nouveau clocher est érigé au XVIIe siècle.
Les Sables-d’Olonne, église Notre-Dame d’Olonne, chevet © Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson
Entre gothique et Renaissance
Le chœur de Notre-Dame d’Olonne illustre un moment de coexistence stylistique entre gothique flamboyant et Première Renaissance. Bien que le chantier ne soit pas documenté, la modénature et l’ornementation renvoient aux formes diffusées localement dès la fin des années 1530. Le décor mêle des éléments flamboyants (nervures prismatiques, arcs brisés) à un vocabulaire décoratifs renaissant, perceptible dans les clefs pendantes à pilastres et les colonnettes cannelées cachées dans le décor gothique. La date de 1540 portée sur la clef de l’arc doubleau oriental, bien que partiellement effacée, conforte une chronologie centrée autour des décennies 1540-1550. Les armoiries sculptées au portail et l’ange à écu révèlent l’intervention de mécènes, encore non identifiés.
Les Sables-d’Olonne, église Notre-Dame d’Olonne, détail d’un pinacle engagé sur un contrefort du chœur. © Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson

Un chantier laissé inachevé

Malgré son ambition initiale, le chantier du chœur est interrompu avant son achèvement complet, probablement dans le courant de la deuxième moitié du XVIe siècle. Plusieurs indices architecturaux en témoignent. Selon les descriptions du XIXe siècle, la première travée n’avait initialement pas été voûtée et reposait sur deux pans de murs provisoires. Des harpes d’attente visibles sur les murs gouttereaux pourraient même suggérer une extension prévue au-delà des trois travées existantes. Il faut attendre les restaurations de la seconde moitié du XIXe siècle pour que la première travée soit voûtée et les piles manquantes érigées, venant achever une œuvre longtemps restée incomplète.
Les Sables-d’Olonne, église Notre-Dame d’Olonne, vue du chœur. © Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson




En haut : Les Sables-d’Olonne, église Notre-Dame d’Olonne ; à gauche : élévation nord ; au centre : portail sud du chœur ; à droite : vue du chœur.
En bas : Les Sables-d’Olonne, église Notre-Dame d’Olonne, détail de l’arc doubleau portant la date de 154(?). Le dernier chiffre est en réalité partiellement effacé.
En haut de page : Les Sables-d’Olonne, église Notre-Dame d’Olonne, vue générale depuis la nef.
© Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson
Lexique :
- Prismatique : se dit des arcs des voûtes qui ont la forme d’un prisme, souvent complexe.
- Modénature : forme générale des profils des arcs et de toutes les moulures.
- Arc doubleau : arc séparant deux voûtes.
POUR EN DÉCOUVRIR PLUS





