Construit au XIIe siècle à l’ouest de ce qui devait déjà être le réfectoire, cet impressionnant édifice a depuis longtemps perdu son usage.
Au XIXe siècle, certains y voyaient une tour qui, avant que n’arrive Robert d’Arbrissel, aurait servi au légendaire bandit Évrault pour attirer les voyageurs et les déposséder. D’autres pensèrent qu’il s’agissait de la nécropole royale des Plantagenêt qui devait accueillir leurs gisants. On s’accorde désormais à y reconnaître un bâtiment lié à la préparation des aliments.
Une architecture géométrique
L’édifice était organisé dans son état initial autour d’un octogone central couvert d’une flèche et d’un lanternon ouvert. Huit absidioles, chacune éclairée de 3 fenêtres, entouraient l’ensemble. L’agrandissement du réfectoire à l’est et l’aménagement d’une porte au sud-est se traduisirent par la destruction de trois des huit absidioles initiales, n’en laissant aujourd’hui que cinq. Cette succession se fait à l’intérieur par le jeu d’une gradation d’arcs légèrement brisés, portés par de puissants piliers à colonnes engagées dotées de chapiteaux à feuilles lisses ou volutes.
Conseil départemental de Maine-et-Loire – Conservation départementale du patrimoine ; (c) Région Pays de la Loire – Inventaire général

Un décor d’écailles emblématique

La couverture est orné d’un décor en écailles. Des cheminées amortissent la flèche, les absidioles et leurs articulations. Les souches de ces cheminées et le décor d’écailles furent restitués à partir de vestiges attestés lors des restaurations conduites au début du XXe siècle par Lucien Magne, qui modifia aussi la couverture des absidioles, leur donnant une forme conique. L’ensemble est donc conçu comme un immense conduit de cheminée, avec de nombreuses prises d’air latérales et un cône central d’évacuation des fumées. Cette configuration, conjuguée à l’absence d’un autre site où prendraient place les activités culinaires, permet de penser que la destination de cet édifice pouvait être double. Il servait de cuisines et probablement de fumoir pour conserver la viande et surtout du poisson que devaient consommer les religieuses.
Le décor d’écailles après la restauration de 2020. ©L. De Serres
En haut de page. Abbaye de Fontevraud. Cuisines romanes. ©L. De Serres
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