Fontevraud Le regard des experts

Le bâtiment de la Fannerie, écrin du Musée régional d’art moderne

L’Abbaye royale de Fontevraud accueille depuis mai 2021 le Musée d’art moderne, collections nationales Martine et Léon Cligman. Cette sélection d’environ 600 œuvres est exposée au sein d’un nouveau musée créé spécialement à cette occasion dans le bâtiment de la Fannerie.

Le bâtiment de la Fannerie

Édifié vers 1786, le bâtiment dit de la Fannerie, est l’un des tout derniers construits du temps du fonctionnement de l’Abbaye de Fontevraud. Son nom est à mettre en relation avec le stockage du foin nécessaire aux chevaux et il fait à l’origine partie d’un ensemble de bâtiments consacrés aux écuries et équipages du complexe monastique. Il remplace un grand édifice du même nom, implanté un peu plus au sud et qui datait des premiers temps de l’abbaye. 
Construite dans l’axe du logis de l’abbesse qui lui fait face, cette nouvelle Fannerie s’inscrit alors dans un programme architectural homogène. Ce dernier recompose et élargit les espaces de la cour d’entrée dont la Fannerie occupe la partie nord.

L’Abbaye royale de Fontevraud © Région des Pays de la Loire, Inventaire général. Y. Guillotin

600 m² de surface au sol

D’une emprise de près de 45 mètres par 15 mètres, cet édifice est l’un des plus imposants de l’abbaye de Fontevraud, offrant une surface au sol d’environ 600 m². Il était initialement divisé intérieurement en trois espaces de dimensions et de proportions voisines. Chacun était desservi par un portail monumental, celui du centre différencié des deux latéraux, mais tous aussi imposants. Le volume central était doté d’un escalier, le seul à cette période, et desservait un vaste comble. Au rez-de-chaussée, il est possible qu’il ait dès les premiers temps abrité des stalles pour une dizaine de chevaux que l’on mentionne quelques années plus tard.

Construite à la veille de la Révolution française, la Fannerie change en effet rapidement d’affectation lorsque l’ancienne abbaye devient établissement pénitentiaire. Destiné en 1804 à servir de « granges, greniers à foin et écuries pour la garde » de la future prison, le bâtiment accueille ensuite dans sa partie ouest le bûcher pour la boulangerie de la prison située au sud de la cour. L’augmentation importante des détenus au cours des années suivantes entraîne de nouveaux besoins. Par la création de planchers supplémentaires en 1824-1825, la partie orientale est subdivisée en quatre niveaux pour le stockage des graines et des farines.

En 1828, la boulangerie est transférée au rez-de-chaussée de la partie centrale de la Fannerie, où prennent place deux fours qu’un mur et un couvrement voûté isolent des autres espaces où les produits entreposés sont inflammables. Au-dessus des fours, des planchers viennent également créer des niveaux de stockages. Peu après, une grande citerne est construite au rez-de-chaussée de la partie occidentale du bâtiment en guise de réserve d’eau, mais vraisemblablement aussi pour éviter la propagation d’un incendie. 

Plan de l’abbaye dans le 3e quart du XVIIIe siècle (plan dit de 1762). Détail, ancienne Fannerie, Cour-du-dehors © Région des Pays de la Loire. Inventaire général. P. Giraud

Dans les années 1860, le bâtiment connaît d’importantes réaffectations. Pour concentrer les lieux de travail des détenus à l’intérieur de la clôture carcérale, la boulangerie est transférée de la Fannerie au site de l’ancien prieuré de Madeleine. Les parties orientales et centrales de l’édifice sont alors transformées pour accueillir des logements pour les gendarmes de la caserne et des magasins de stockage pour l’économat.

Pour isoler les locaux de la caserne de gendarmerie des bâtiments de l’administration pénitentiaire, un mur est édifié en travers de la cour d’honneur vers 1900.
En 1923, la caserne est abandonnée et le bâtiment ne connaît plus de nouvelle affectation qu’un espace à usage d’entrepôt ponctuel. L’entretien n’en est que minimal et son état se dégrade progressivement. 

Un chantier de restauration

D’importants travaux de restauration des extérieurs, clos et couvert, ont été réalisés en 2008, précédés d’une étude d’archéologie du bâti en 2002. 

La Fannerie en 2011 © Région des Pays de la Loire. Inventaire général. P. Giraud


Sans affectation depuis près d’un siècle, les espaces intérieurs attendaient un projet de réaffectation. La création du Musée d’art moderne, collections nationales Martine et Léon Cligman vient donc à point nommé !

Pose de la 1ère pierre du Musée d’Art Moderne de Fontevraud.
Collections nationales Martine et Léon Cligman, le 5 juillet 2019. Abbaye de Fontevraud
G/D : Régine Catin, Christelle Morançais Présidente de la Région des Pays de la Loire, Léon Cligman, Claude D’Harcourt, Préfet, Martine Cligman et Bruno Retailleau

© Région Pays de la Loire – Ouest Médias

La Fannerie en chantier en 2019 © Région des Pays de la Loire. Inventaire général. Y. Guillotin

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