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La Fuite en Egypte, œuvre de jeunesse de Rosa Bonheur

Ce tableau est une copie du tableau d’Henri de L’étang exposé en 1838 au Salon, tableau disparu sous les bombardements de Calais pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a été commandé par l’État la même année à Rosa Bonheur, alors âgée de 17 ans et jeune copiste du Louvre, pour 100 francs, et déposé dans l’église de Chenu.

Les recherches menées par Marie Ferey, chercheuse de l’Inventaire, dans le cadre de l’étude sur la peinture de chevalet, ont permis d’attribuer le tableau de la fuite en Egypte à Rosa Bonheur.

L’iconographie du tableau s’écarte de la représentation traditionnelle de la fuite de la Sainte Famille en Égypte pour échapper aux persécutions d’Hérode. L’épisode est généralement représenté par l’image de la Vierge tenant l’enfant dans ses bras, montée sur un âne conduit par Joseph. Ici, la scène montre la traversée de la mer Rouge par la Sainte Famille, sur une barque conduite par un passeur et un ange.

La fuite en Egypte, Rosa Bonheur. Le tableau est inscrit au titre des monuments historiques en 1990. (c) Région Pays de la Loire – Inventaire général. J.B. Darrasse

Rosa Bonheur (1822-1899) nait à Bordeaux dans une famille d’artistes : son père, Raimond Bonheur, est professeur de dessin et peintre, et sa mère, Sophie, musicienne. Leurs quatre enfants deviendront des peintres ou sculpteurs. La famille s’installe à Paris en 1829 pour essayer de réussir comme peintre.

Au décès de sa mère, Rosa a 11 ans. Elle rejoint l’atelier familial avec ses frères et sa sœur, encouragée par son père, défenseur des idées de Saint-Simon, et de l’égalité entre hommes et femmes. À cette époque, les filles ne pouvaient pas suivre de cours de peinture dans les écoles. Alors Rosa apprit tout avec son père, qui devint son seul maître. Et comment apprenait-on à peindre ? En copiant les grands maîtres !

Rosa passait des heures au musée du Louvre avec sa carte de copiste qu’elle obtint à 14 ans. Elle étudiait les tableaux des peintres célèbres et les reproduisait pour apprendre leurs techniques.

Le tableau « la fuite en Egypte » fait partie des œuvres présentées à la classe de seconde SAPAT du lycée de Laigné-Saint-Gervais dans le cadre du Plus Grand Musée de France. à Chenu. (c) C. de Lavenne

Dans l’atelier familial, tous travaillaient entourés d’animaux : moutons, oiseaux, lapins, écureuils… Ces petites bêtes devinrent les premiers modèles de Rosa. C’est là qu’elle découvrit sa passion pour la peinture et la sculpture animalière.

En 1841, à 19 ans, Rosa exposa pour la première fois au Salon avec « Deux Lapins ». La presse remarqua immédiatement son talent ! C’était le début d’une carrière extraordinaire qui ferait d’elle l’artiste femme la plus célèbre de son siècle.

La vente de son grand tableau le Marché aux chevaux (aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum of Arts de New York) lui permet d’acquérir en 1860 le château de By à Thomery (Seine-et-Marne). Elle installe son atelier dans cette demeure implantée sur une boucle de la Seine, en lisière de la forêt de Fontainebleau dont la faune constitue une source d’inspiration évidente. Elle devient amie de l’impératrice Eugénie, qui séjourne chaque année au château de Fontainebleau et la décore en 1865 de la Légion d’honneur : elle est la première femme artiste à recevoir cette distinction.

En 1924 et 1929, son amie Anna Klumpke fait donation d’une centaine d’œuvres et de souvenirs de l’artiste aux musées nationaux. Ce fonds exceptionnel trouve naturellement sa place au château de Fontainebleau où il est présenté.

En haut de page : La fuite en Egypte, Rosa Bonheur. (c) Région Pays de la Loire – Inventaire général. J.B. Darrasse

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