Inventaire du patrimoine Sarthe

La peinture religieuse sarthoise abondante et variée

Le riche patrimoine pictural sarthois, à la croisée des influences nordiques, italiennes et françaises, témoigne d’une histoire artistique vivante et diversifiée dans les édifices religieux de la région. Une étude d’inventaire de la peinture religieuse de chevalet en Pays de la Loire a permis de repérer plus de 3 000 œuvres dont 1106 en Sarthe.

La peinture religieuse s’installe dans les églises sarthoises avec un corpus ancien marqué par une forte influence hollandaise, flamande et maniériste nordique. On observe des œuvres sur panneaux de bois, souvent organisées en triptyques ou prédelles, avec des thèmes comme la Crucifixion et la Cène dans un format allongé, propre à la région. Des artistes comme François Dienis (en haut de page) participent à l’introduction du style maniériste, mêlant influences nordiques et école de Fontainebleau.

Le Christ en croix avec donateurs, XVIe siècle, église Notre-Dame de Mamers. © Région Pays de la Loire, Inventaire général – Thiery Seldubuisson

Au XVIIe siècle, la peinture religieuse resplendit en Sarthe, avec une production abondante. Celle-ci est favorisée par le renouvellement du décor des églises (installation de retables), la présence de commanditaires fortunés et l’influence de collectionneurs avisés, tels que les Freart de Chanteloup.

Retable du maître-autel de l’église Notre-Dame de Beaumont-sur-Sarthe. © Région Pays de la Loire, Inventaire général – P.B. Fourny

D’abord naïf et archaïsant, le style devient classique et monumental sous l’influence de l’école parisienne et des maîtres italiens de la Renaissance.

La peinture devient un moyen d’expression majeur de la Contre-Réforme catholique, illustrant la Passion du Christ, la vie des saints et la dévotion mariale.

Vierge à l’enfant avec saint Jean-Baptiste et sainte Elisabeth, Jean Boucher, 1627. Cathédrale Saint-Julien du Mans © Région Pays de la Loire, Inventaire général – Thierry Seldubuisson

Le Mans est alors un centre artistique important. François Fleuriot, François Mongendre ou la famille Decherche établissent des liens familiaux et artistiques avec les artistes retabliers et les sculpteurs locaux travaillant la terre cuite. La diffusion des modèles se fait via les copies, gravures et voyages d’artistes.

La Vierge à l’Enfant servie par des anges, par François Mongendre, église Saint-Julien de Juillé (c) Région des Pays de la Loire. Inventaire général. J. Minier

La peinture du XVIIIe siècle poursuit la tradition classique, avec une large diffusion de copies d’œuvres prestigieuses françaises et italiennes. Le décor des églises s’enrichit de retables ornés de toiles, reprenant les thèmes traditionnels (Vie de la Vierge, Passion du Christ). L’iconographie et la composition restent stables, avec un goût pour les ensembles décoratifs cohérents.

Copie de l’Adoration des Mages de Restout inspiré par un tableau de Jouvenet. Ardenay-sur-Merize. Eglise Saint-Hilaire. © Région Pays de la Loire, Inventaire général – F. Lasa

La période post-révolutionnaire voit un renouveau du décor religieux, bien que la production locale soit plus modeste et tournée vers des artistes régionaux ou anonymes. L’État envoie des œuvres dans les églises, tandis que plusieurs tableaux exposés aux Salons parisiens par des artistes comme Jean Broc ou Le Secq sont offerts aux paroisses par des donateurs.  Dans la 2e moitié du siècle, la peinture monumentale reprend vie, souvent associée à la fresque et au décor architectural, portée par des artistes locaux Pierre-Honoré Chadaigne, Louis Renouard, Lionel Royer ou Gaston Müller.

Fuite en Egypte : œuvre de jeunesse de Rosa Bonheur, d’après une œuvre disparue de Henri de L’étang (1838). ©J.-B. Darrasse

Le XXe siècle, surtout après Vatican II, voit une production plus réduite, souvent naïve ou locale, mais parfois marquée par des styles modernes et hyperréalistes.

Ensemble du décor du curé Vanfleteren, église Saint-Martin de Vancé, 4e quart du XXe siècle. © Région Pays de la Loire, Inventaire général. J. Minier

Les Noces de Cana (détail),, Guy Brunet, 1990, Notre-Dame-de-la-Visitation de La Quinte © Région Pays de la Loire, inventaire général – Jeanne Minier


Haut de page : La Dormition, François Dienis, 1584, église Saint-Martin de Sougé-le-Ganelon © Région Pays de la Loire, Inventaire général – Thierry Seldubuisson

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