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Le cimetière de Toutes-Aides de Saint-Nazaire

Construit en 1893, le cimetière de Toutes-Aides est le cinquième et le dernier cimetière du XIXe siècle de Saint-Nazaire. Si les différents agrandissements entre sa réalisation et la Reconstruction témoignent de l’extraordinaire explosion démographique de la ville, les carrés militaires, les monuments aux morts et les stèles qu’il abrite en font le haut lieu du souvenir collectif de la cité.

Le besoin d’un nouveau cimetière

Dans les années 1880, face à l’accroissement de la population de Saint-Nazaire, le cimetière de la Briandais, réalisé en 1856, arrive à saturation. Aucune extension n’est par ailleurs possible, le site étant déjà englobé dans l’urbanisation de la ville. Ainsi, le 12 juin 1891, la municipalité vote l’exécution de grands travaux parmi lesquels l’acquisition et l’aménagement d’un nouveau lieux d’inhumation : le cimetière de Toutes-Aides.

Arbres bordant l’une des allées principales du cimetière de Toutes-Aides. ©P.-B. Fourny

La Ville acquiert donc un terrain contigu au boulevard Victor Hugo qui, avec l’avenue de Lesseps, forme alors la limite urbaine de la ville. Elle choisit d’aménager le cimetière avec le système Coupry (du nom de son concepteur Paul Coupry), tout juste testé sur quelques sépultures à la Briandais. Destiné à drainer les terres et à faciliter la dégradation des corps, le procédé consiste en un maillage de petits aqueducs souterrains. Ce réseau est relié à une douve de circonvallation creusée sur le pourtour du terrain. Dans sa délibération du 7 juin 1892, le conseil municipal opte finalement pour une utilisation partielle de ce système (pour des raisons économiques, semble-t-il) et vote l’exécution des travaux de clôture.

Le cimetière de Toutes-Aides

Le cimetière de Toutes-Aides ouvre le 1er juin 1893, comme en témoigne la date portée sur l’ancienne conciergerie. En 1910, un ossuaire est construit au carrefour des allées principales. En raison de la modicité de leur prix, les concessions perpétuelles rencontrent un vif succès auprès des habitants de Saint-Nazaire, dont le nombre ne cesse d’augmenter. Malgré une révision à la hausse des tarifs en 1920, l’intérêt ne faiblit pas. Le cimetière finit par manquer de place.

Une des allées de l’extension nord du cimetière de Toutes-Aides. ©P.-B. Fourny

D’après la délibération du 1er aout 1927, il ne reste à cette date que cinq concessions de disponibles. La Ville achète alors quelques terrains en vue d’étendre le périmètre du cimetière.

Jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le site connaît plusieurs phases d’agrandissements. Après la Libération, les projections démographiques évaluent la population de Saint-Nazaire, dans les années à venir, à environ 60000 habitants. Pour y faire face, le plan de reconstruction et d’aménagement de la ville de Saint-Nazaire, approuvé par arrêté interministériel en date du 13 octobre 1948, prévoit une nouvelle extension du cimetière. La Ville achète ainsi 22 parcelles situées à l’ouest et au nord-est du site. Elles représentent une surface de 62224 m² de terrains et donnent au cimetière de Toutes-Aides son périmètre définitif. 

Un cimetière de type régulier

Le cimetière de Toutes-Aides est aménagé au nord-ouest du centre-ville, sur un terrain en légère déclivité au nord. Le site est délimité à l’est par le boulevard Victor Hugo, où se trouve l’entrée principale, et au sud, par la rue de la Croix Fraîche. Les parties nord et ouest donnent sur les jardins arrières d’habitations individuelles et collectives accessibles depuis la rue de Toutes-Aides. Le cimetière est protégé par un haut mur maçonné en moellon. L’entrée principale se compose de deux piliers blancs ornés de palmettes soutenant un portail métallique, lui-même encadré par deux portes métalliques secondaires. Au nord, l’ancienne conciergerie porte la date 1893 inscrite dans un médaillon installé sur le pignon sud.

Le cimetière est de type régulier. Il se compose de deux allées principales et d’un ensemble d’allées secondaires. Les deux axes majeurs forment croix. A l’extrémité ouest se trouve le dépositoire, tandis qu’à leur croisement est implanté un rond-point sous lequel se trouve l’ossuaire. L’ensemble est surmonté d’un obélisque. Le maillage des axes formes des divisions, parfois réservées à certaines catégories de la population, comme le carré des enfants, le carré des anciens officiers de la Briandais, où en encore le carré des soldats français, allemands et du Commonwealth morts pendant la Première Guerre mondiale. 

Stèle aux noms des militaires de l’ancienne caserne de la Briandais. ©P.-B. Fourny
Caveau en partie orné de mosaïques.
©P.-B. Fourny

Les sépultures

Les sépultures sont organisées et alignées. Les caveaux les plus imposants bordent les allées principales et le rond-point créant un vrai effet visuel. La plupart d’entre eux sont regroupés en section UA, UB, TA, XA et ZA, quelques-uns sont aussi parfois isolés. Ils ont tous la même typologie. Les caveaux abritent deux ou trois corps, voire six dans de rares cas. Les plus anciens sont en brique, ou en mâchefer, couverts d’un enduit ciment. Les murs des caveaux, dont les extrémités sont ornées de triglyphes, de denticules, ou de motifs floraux, supportent une couverture à deux pans.
Les noms des défunts sont inscrits dans les pignons ou les frontons. Leur identité est précisée sur des plaques de marbre. On compte aussi quelques chapelles. Ailleurs les sépultures se composent d’une stèle et d’une pierre tombale en marbre ou en ciment. Une seule tombe est entièrement en fonte (section O18), liée à la Libre-pensée, elle fait l’objet d’un dossier individuel.

Monuments commémoratifs et tombeaux d’illustres

Plusieurs monuments commémoratifs ponctuent les allées du cimetière tels celui dédié aux victimes du naufrage en 1931 du Saint-Philibert, ou encore le monument aux morts de la Seconde Guerre mondiale, œuvre de l’architecte Claude Dommée, qui rend hommage aux disparus militaires et civiles de la Seconde Guerre mondiale.

Monument aux morts (militaires et civils) tués pendant la Seconde Guerre Mondiale. ©P.-B. Fourny

Le site abrite les tombeaux de personnes illustres et de notables de la ville, comme François Blancho, ancien maire de Saint-Nazaire, Jean de Neyman, résistant, Louis Baizeau et François Bréerette, architectes.  Le cimetière est équipé d’un colombarium et d’un jardin du souvenir. Les allées principales sont goudronnées et bordées d’arbres. Quelques ifs sont également à signaler, comme ceux encadrant les stèles des anciens officiers de la caserne de la Briandais ou encore ceux alignés derrière le colombarium. Les entre-tombes sont garnies de sedum. Les petites allées et les carrés militaires sont couverts de gazon.

Observation

Depuis 1996, la Ville de Saint-Nazaire ne propose plus de tombes perpétuelles mais des concessions de 15, 20 ou 30 ans. Néanmoins, les cimetières anciens, dont celui de Toutes-Aides, manque d’espace. Ainsi depuis 2022, la municipalité recense les tombes perpétuelles abandonnées dans l’objectif de libérer de la place et d’identifier les éléments les plus exceptionnels. 

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