Alors que les frontières entre les comtés du Poitou, de l’Anjou et le duché de Bretagne restent instables, Mortagne est devenue une place forte importante des vicomtes de Thouars sur la Sèvre Nantaise. Un château, édifié sur l’éperon rocheux, domine la rivière. Face à lui, s’élève le prieuré Saint-Pierre, fondé par l’abbaye Saint-Michel-en-l’Herm, autour duquel s’est formé un premier enclos urbain.
La fin de la Guerre de Cent Ans, correspond à un retour à la paix et à un important développement économique. La famille de La Haye-Passavant, seigneurs de Mortagne entre 1373 et 1580, engage plusieurs campagnes de travaux au château comme en ville. La reconstruction de l’église castrale Saint-Georges (détruite), la transformation de la façade occidentale de l’église Saint-Pierre et de la deuxième travée de son transept sud pourraient être l’œuvre de Jean II de La Haye, seigneur de Mortagne (1443-1462).
Au cours de la deuxième moitié du XVe siècle, Louis XI renforce les places fortes de l’Anjou et du Poitou pour faire pression sur le duc de Bretagne. Cela coïncide avec une deuxième phase de fortification de la ville de Mortagne. Entre le château et le bourg une porte fortifiée dite Porte de la Conciergerie présente une composition assez homogène pouvant être datée par ses canonnières, ses cheminées et sa baie à croisée du dernier quart du XV siècle. Cette tour mixte adaptée à l’artillerie et au logis devait faire partie d’un ensemble plus complexe formant une barbacane – ouvrage avancé destiné à protéger une porte – défendant l’entrée du château. Ces travaux ont pu être réalisés par Louis de la Haye (1462-1495), fils de Jean II. Autour de l’enceinte castrale, des étangs (Haut et Bas Etang) et des jardins (Haut et Bas Jardin) sont aménagés.


Ci-dessus, à gauche : Armoiries de la famille de La Haye-Passavant (c) Agathe Aoustin ; à droite la tour de la Conciergerie (c) Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson
Cette période correspond aussi à une période de relative stabilité politique et économique permettant l’expansion de la ville en direction du sud-ouest. Cela se traduit par la construction d’une seconde enceinte composée de tours d’artillerie et de quatre portes d’entrée fortifiées appelées Porte Bourgbetault (sud), Porte Bourgneuf (est) et Porte Bourneau (nord) édifiées au cours de la seconde moitié du XVe siècle, ainsi qu’un quatrième ouvrage dit Porte Saint-Louis construit autour de 1525 permettant de communiquer plus facilement avec le cimetière situé à l’extérieur de la ville. Dans un aveu de 1567, Dame Philippe de Montespédon décrit Mortagne comme une ville prospère et bien équipée. La ville, protégée par une enceinte fortifiée, présente un bâti dense et des faubourgs se sont développés autour.

Développement de la ville de Mortagne entre le XIe et le XVIIe siècle. © T. Ben Makhad
L’enrichissement de la bourgeoisie marchande se révèle dans l’embellissement de leur habitat. Les maisons, alignées sur la rue, présentent un jardin à l’arrière, formant un maillage par ilots entre les principaux axes de communication du bourg. Les logis se composent d’un rez-de-chaussée sur cave et d’un étage sous comble offrant divers lieux de stockage. Les habitations gagnent en confort et se parent d’éléments décoratifs. Certaines conservent aujourd’hui des ouvertures à coussièges, un escalier en vis, des cheminées à consoles, des baies à meneau et traverse.


Ci-dessus, à gauche : cheminée datée du dernier quart du XVe siècle. A droite : baie à meneaux et trumeaux de la maison des marchands Thibaud. (c) Région Pays de la Loire – Inventaire général. T. Seldubuisson
En haut de page : Mortagne-sur-Sèvre. Emprise de la première enceinte fortifiée de la ville médiévale (c) Région Pays de la Loire – Inventaire général. P.B. Fourny


