Emmanuel Morin, directeur artistique de l’Abbaye royale de Fontevraud, a réussi à promouvoir le patrimoine à travers des créations originales. Il témoigne de cette expérience de « villa Médicis » avant de quitter ses fonctions le 15 juillet 2025.
Pourquoi la culture s’impose-t-elle à l’abbaye de Fontevraud ?
L’abbaye de Fontevraud fut le plus grand ensemble monastique d’Europe. Le public aime découvrir son architecture désormais associée à la culture. Tous les arts rendent le monument vivant car le geste culturel donne du goût au lieu à travers la création. C’est la villa Médicis des Pays de la Loire. Plus de 400 artistes se sont emparés de cette vaste cité monastique et la font rayonner hors les murs, de Nantes à Paris.
Gisant d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine, dans l’église abbatiale de Fontevraud © Région des Pays de la Loire, Inventaire général. Y. Guillotin
Qu’apporte la création artistique à la découverte du site patrimonial ?
La création artistique est une émanation du lieu. L’artiste est au contact des conservateurs, des médiateurs et du public. C’est ainsi que la création trouve sa place, avec pragmatisme.
Je suis surpris par la place prise par les cloches. Le public arpente désormais le coteau, les touche, les fait carillonner ! Six cloches créées par 6 mains différentes !
Vincent Olinet et Emmanuel Morin ©Tomasz-Namerla
Quelles sont les différentes sources d’inspiration des artistes à l’Abbaye royale de Fontevraud ?
Les créations n’existent que par Fontevraud, par les femmes et les hommes qui ont laissé leur empreinte, par la petite et la grande histoire. Le travail de marqueterie d’Andréa Mastrovito s’inspire magnifiquement de la vie d’Aliénor. Les vitraux, les textiles, la peinture religieuse y trouvent historiquement et naturellement leur place. Les sculptures de Fabien Merel proposaient un récit autour de la filiation en réponse aux gisants de la famille Plantagenêt.
L’Abbaye royale de Fontevraud ©Région des Pays de la Loire. C.de Lavenne
Comment le public perçoit-il la création au cœur du patrimoine ?
Rencontrer un artiste libère les postures et les possibles. Les scolaires, toujours plus nombreux à fréquenter l’abbaye, ont cette chance. Ils vivent la création et s’approprient rapidement le patrimoine.
Des plus jeunes aux plus âgés, les visiteurs nous font confiance et reviennent pour s’émerveiller. En même temps que l’intégration des œuvres, j’ai vu cette relation de confiance s’épanouir depuis 10 ans. Cette approche du patrimoine par la création contemporaine est la clé du rayonnement culturel du site et fait son succès auprès d’un très large public.
Emmanuel Morin et « Figura » de Yann Lacroix, été 2024© Emmanuel Morin
En haut de page : Emmanuel Morin installe Robert, gros bourdon de près de 5 tonnes, au chevet de l’abbatiale de Fontevraud © Tomasz Namerla
